M-12 (septembre), la surenchère de nos attentes

Après nos choix de lieux et de cérémonies, voici enfin cette chronique que j’ai eu tant de mal à écrire, au sujet de notre première (et quasi-seule) prise de tête, avec Monsieur Pragmatique, au sujet du mariage : la surenchère de nos attentes.

Si tu prépares actuellement ton mariage et lis assidûment Mademoiselle Dentelle, tu n’as pas pu passer à côté du Coaching Dentelle. Je ne peux que te conseiller très vivement de t’y inscrire si tu ne l’as pas encore fait, et de faire, de même que ta moitié, l’exercice de lister ce qui est pour toi incontournable et ce que tu trouves superflu, dans un mariage. Si mon chéri et moi nous étions penchés sur cette question de façon indépendante l’un de l’autre, nous aurions pu éviter la situation que je vais te décrire ici.

Le contexte

Je suis de nature très curieuse, et facilement passionnée. Quand je commence à m’intéresser à un sujet, il arrive que je me mette à lire tout ce qui pourrait y avoir trait, et à absorber toute information liée jusqu’à ce que je m’en lasse. Et c’est une mécanique encore plus extrême si le sujet me touche un tant soit peu, de près ou de loin. Ça peut aller de techniques de conception de personnages atypiques dans l’écriture d’un roman, à l’impact de l’évangélisation des Inuits sur leurs rythmes de pêche… au mariage (sujet bien plus vaste que les deux précédents).

Comme je te l’ai déjà dit, j’ai découvert Mademoiselle Dentelle quand j’ai appris que des amis, puis ma sœur cadette allaient se marier. Je voulais alors tout savoir des conventions, des nouveautés qui commencent à s’imposer, de l’état d’esprit dans lequel ces proches futurs mariés pouvaient être, et de comment je pouvais les soutenir. Toute information était bonne à prendre. Et je lisais aussi tout ça, en sachant qu’un jour, ça serait aussi notre tour, à mon chéri et moi (puisqu’il avait entre temps réussi à me convaincre plusieurs années auparavant de l’importance à ses yeux de nous unir officiellement).

C’est ainsi, par exemple, que j’ai pu un beau jour de juillet 2016, après avoir assisté aux mariages mentionnés plus haut, lui dire à peu près la chose suivante :

« Si tu tiens toujours à ce qu’on se marie, ce qui me plairait désormais bien également, je tiens à ce que ce soit avant que nous ayons des enfants (j’ai analysé sur Mademoiselle Dentelle les pour et les contre, et la logistique de l’organisation et du jour J risque d’être bien plus compliquée pour nous à gérer avec des enfants, sans compter la fatigue que ça rajouterait). Or, ayant prévu le projet bébé pour fin 2017 voire début 2018, il nous faudrait commencer à penser mariage bientôt. Tu sais, les préparatifs, ça prend en général un an, car tous les postes importants sont bookés super en avance, et après il ne reste que les prestataires dont personne ne veut. Donc soit on s’y met maintenant pour un mariage en l’été prochain, soit on se marie l’hiver prochain et on a un tout petit peu de répit. »

Mon chéri m’a alors confié vouloir plutôt d’un mariage estival, voire de début d’automne, et j’ai légèrement diminué la pression, puisque nous avions encore un peu de temps pour prospecter de façon sérieuse si nous nous mariions quelque part entre juillet et septembre.

Il fallait d’abord que l’idée soit bien digérée par le futur fiancé, et faire les choses dans l’ordre en commençant justement par les fiançailles…

Peu après, je me suis lancée en secret à la recherche du cadeau de fiançailles parfait, et en une semaine, j’ai compilé par écrit toutes les idées qui m’avaient traversé la tête dans une gigantesque note Google Keep. Dans la foulée, j’ai montré cette note, ainsi que plusieurs articles variés de Mademoiselle Dentelle à mon amoureux pour tenter de sonder ses envies et attentes inconscientes. Grossière erreur : ça faisait un peu trop d’informations à la fois pour mon chéri.

La surenchère de nos attentes vis à vis du mariage

Crédit photo (creative commons) : Geralt

Les faits

Submergé soudainement par toutes ces informations, Monsieur Pragmatique s’est imaginé que je voulais un mariage « comme il faut » et « en grande pompe ». Il m’a donc fait remarquer que ma liste premier jet d’invités, contenant une grosse septantaine de noms déjà, ne laissait pas assez de place à la famille moins proche, telle que ses grands-oncles et tantes (avec lesquels nous passons Noël tous les ans) et à certains amis d’étude. Il a également commencé à mentionner les combos on ne peut plus classiques « vin d’honneur type cocktail et souper avec service à table », « mariage civil puis religieux », « robe longue blanche et costume trois pièces unicolore ».

Dans sa tête, au vu de l’insistance dont je faisais preuve et de tous les exemples que je lui montrais, il fallait faire un grand et beau mariage « comme il faut », même s’il aurait tout autant apprécié un mariage plus intime et personnel sans être pour autant trop éloigné de la vision classique. Bien au-delà de faire les choses en pompe « comme il se doit », l’essentiel était surtout pour lui de marquer le coup et de fêter abondamment avec nos familles et amis. Mais ne voulant pas me couper dans mon élan ou me décevoir, et ne sachant peut-être pas trop non plus quoi proposer d’autre, Monsieur Pragmatique a tu son souhait d’un peu plus de simplicité.

Dans ma tête, il était important de respecter ses envies traditionnelles, même si je préférais imaginer un mariage moins guidé par la coutume, avec idéalement une cérémonie civile longue personnalisée pleine d’émotions et chargée en symboles qui nous parlent, une liste d’invités pas trop étendue sans être minimaliste, dans un lieu de rêve, et où nous pourrions surtout déclarer nos intentions de vie commune pour l’avenir et fêter abondamment avec nos familles et amis. Mais, n’étant pas non plus opposée à une vision très classique de notre union, je ne disais pas grand chose de mes souhaits un peu farfelus, et proposais plutôt des choses dont je pensais qu’elles convenaient aux envies de mon chéri.

Les deux exemples les plus flagrants de ce manque de communication sont la taille de notre liste d’invités et notre décision de nous unir religieusement au travers d’une longue bénédiction nuptiale, alors que ça ne semblait vraiment essentiel ni à l’un ni à l’autre !

La surenchère de nos attentes vis à vis du mariage

Crédit photo (creative commons) : Stocksnap

… Et un jour de septembre, nous nous sommes aperçus de ce décalage entre les envies réelles de l’autre et notre perception ou imagination de ses souhaits…

La résolution du problème

Que faire suite à cette mise au point ? Annuler toutes nos réservations et recommencer ? Prévoir d’inviter seulement une grosse cinquantaine de très proches, remplacer le vin d’honneur par un apéritif avec tous nos convives et enchaîner sur un repas raffiné en peu de plats et sans wedding-cake ni pièce montée, faire un civil intimiste court et le religieux dans une petite chapelle (voire pas de deuxième cérémonie), être en habits de lumière sans nous mettre sur notre 31, et surtout nous amuser et danser jusqu’au petit matin ?

Finalement, nous avons mis à plat ce qui comptait vraiment pour chacun d’entre nous, et analysé la situation :

  • L’engagement civil primait pour moi sur le religieux, tandis que c’était aux yeux de mon chéri la situation inverse : nous continuerions à envisager un mariage civil non minimaliste.
  • Nous avions envie de gâter nos invités à l’occasion de cette fête, la possibilité financière de le faire sans diminuer notre liste de convives, et aimions vraiment l’idée de pouvoir crier notre amour au monde sans parvenir à savoir qui retirer de notre liste étendue d’invités : nous continuerions donc à organiser un gros mariage religieux, avec vin d’honneur et souper après la cérémonie.
  • Nous voulions finalement aussi marquer le coup avec nos tenues, tout en réfléchissant à ce qu’elles puissent partiellement être réutilisées : nous ne ferions donc pas ou peu de concession vis-à-vis de ce critère lors du choix de nos tenues et ne dépenserions pas des cents et des milles en accessoires d’un jour.
  • Nous apprécions de bien manger (et de déguster du bon vin) : nous ne nous priverions donc pas à cette occasion.
  • Nous aimons aussi les belles photos, mais risquerions de ne jamais revisionner une potentielle vidéo de notre mariage : nous engagerions un photographe de haute qualité.
  • Fleurs, voiture, décoration des lieux et dessert de mariage ne comptaient cependant que très peu à nos yeux : ils seraient donc en bas de la liste de nos priorités. De même, l’idée d’avoir un DJ animateur nous horripilait tant l’un que l’autre et nous avons décidé de ne pas céder non plus à la pression de ce « must ».
  • Plus que tout, nous voulions un mariage qui nous ressemble, majoritairement classique mais avec des touches geek qui nous sont chères, sans qu’elles ne prennent le pas sur nos engagements : notre souper et la fête subséquente seraient porteurs de ces détails plus personnels.

Au final, nous avons décidé de ne rien changer de ce qui avait déjà été choisi dans notre premier mois et demi de préparatifs, mais avons pu établir ensemble la vraie liste de nos incontournables et de nos superflus, et nous avons cessé de nous baser sur des suppositions concernant les attentes non formulées de l’autre.

Je partage avec toi une astuce de communication acquise depuis ce jour-là : en cas de doute (ou pas), il peut être très utile d’utiliser la formulation suivante :

« J’ai cru comprendre qu’il était important pour toi que […] et en même temps, pour moi, [ça m’est égal/c’est aussi mon souhait/c’est autre chose qui me tient à cœur]. J’aimerais que nous en discutions sérieusement et prenions une décision à ce sujet. Qu’en penses-tu ? Préfères-tu en parler maintenant ou [insérer une date précise] ? ».

Ça permet d’accorder une importance égale aux deux points de vue, de vérifier sa propre interprétation des envies de l’autre et d’informer du désir de compromis ou de confirmation, tout en offrant à l’autre la possibilité de se préparer à cette discussion s’il le souhaite.

Et toi, qu’aurais-tu fait dans une telle situation ? Un tel malentendu t’est-il déjà arrivé ?

Madame Rationnelle

Coucou ! Moi c'est Mademoiselle Rationnelle, développeuse logiciel, 27 ans le jour J, franco-suissesse. Lui, c'est Monsieur Pragmatique, conseiller fiscal, 28 ans le jour J, 100% suisse pur jus. Et nous avons organisé à distance notre mariage pour fin août 2017 dans la région de nos racines et de notre rencontre : en Lavaux (au bord du lac Léman, en Suisse). Pour chaque décision et chaque prestataire, nous voulions être convaincus (la voix de la raison) et idéalement aussi persuadés (la voix du coeur) de notre choix. Nos compromis ont donc été longuement discutés et évalués pour trouver le meilleur équilibre possible, et cela a bien entendu donné lieu à des critères parfois inhabituels ou compliqués mais toujours entièrement assumés. Et notre investissement a payé, car nous avons eu un mariage de rêve et totalement à notre image ! Les maîtres-mots directeurs de ce bel événement ? Élégance classique et modernité technophile. Un compromis des plus simples, n'est-ce pas ?

Commentaires

  • Madame Chaton
    Répondre
    28 avril 2020

    Heureusement que vous avez fini par en discuter et vous rendre quand même compte de tout cela avant le mariage. Pas évident quand on a deux visions différentes de ce beau jour pour s’accorder. C’est vrai que le dialogue est primordial ! J’avoue avoir de la chance là dessus, c’est un gros point fort entre M. chaton et moi. De ce fait nos dispute ne durent jamais très longtemps, juste le temps de redescendre en pression pour pouvoir mettre des mots dessus. Et nous avions de la chance aussi c’est que nous étions totalement d’accord sur le type de mariage que nous voulions ! En moyen comité et non religieux.

  • Madame Chat Potté
    Répondre
    28 avril 2020

    C’est bien d’avoir su mettre à plat tout cela. Finalement votre mariage aura pu vpus correspondre à tous les 2 et c’est bien l’essentiel.

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