Je ne porterai ni alliance, ni le nom de mon futur mari !
Avec un titre pareil, je sais bien que je vais jeter un pavé dans la mare. On pourrait penser que je suis une féministe jusqu’au-boutiste ou complètement désillusionnée. Il n’en n’est pourtant rien !
J’ai vraiment voulu porter le nom de mon (premier) mari !
Pour mon premier mariage, à l’âge de 25 ans, j’étais tellement pressée de porter le nom de mon mari que, dès la sortie de la mairie, je n’ai plus utilisé que celui-ci. J’étais désormais Mme B. et Mlle A. s’était dissoute dans l’atmosphère lors de la signature de l’acte de mariage.
Dans la foulée, j’ai fait changer mes papiers d’identité, mon permis de conduire, les documents administratifs jusqu’à mon compte La Redoute (ne ris pas, à l’époque on n’avait pas Amazon et Internet n’existait tout bonnement pas !). Voilà qu’en quelques instants j’étais devenue Madââme B., avec une majuscule s’il vous plaît. Nouvelle identité pour une nouvelle vie. Nous avons en effet pris l’avion cinq jours après notre mariage pour venir nous installer à l’autre bout du Monde, à la faveur d’une mutation professionnelle de Monsieur. Rien n’a plus jamais été comme avant pour le meilleur comme pour le pire et c’est effectivement une nouvelle vie qui commençait.
Et aujourd’hui je n’y tiens plus
Comment expliquer qu’aujourd’hui je ne souhaite pas porter le nom de mon futur mari ? Ce n’est pas parce qu’il porte un nom risible ou imprononçable. Au contraire, son patronyme est charmant et plus facile à prononcer que le mien.
Je vais tout d’abord t’expliquer pour quelles raisons je voulais à toutes forces prendre très vite le nom de mon premier mari. Je tiens à préciser, au préalable, que ces raisons sont le fruit de mon histoire personnelle et n’ont probablement rien à voir avec les raisons qui poussent les autres femmes à prendre le nom de leur mari. Pour ma part, donc, quand je me suis mariée la première fois, j’avais peu d’estime et de confiance en moi. Je voyais mon mari comme un être merveilleux, intelligent, beau et tellement… toujours plus que moi et sur tous les plans. Sans me l’avouer, être « choisie pour épouse » me semblait la marque de reconnaissance ultime et la validation de ma valeur personnelle. Pas étonnant donc que je trépignais à l’idée de porter son nom afin de passer du statut de « Mlle Pas Grand Chose » à celui « d’Épouse de… ». C’est seulement huit ans plus tard, quand il est parti avec une autre femme que j’ai compris ça, grâce à un travail thérapeutique qui m’a énormément aidée.
Reprendre mon nom de jeune fille a été salvateur
Au moment du divorce, il m’a donc semblé important, d’un point de vue symbolique, de reprendre immédiatement mon nom de jeune fille. Et aussi rapidement que j’avais fait modifier tous mes papiers pour les mettre au nom de mon époux, j’ai fait les mêmes démarches, en sens inverse, pour retrouver mon nom de jeune fille. Je me suis même fâchée tout rouge avec ma banque qui ne voulait pas effectuer le changement de nom ! J’ai dû leur envoyer un courrier un peu sec pour leur faire valoir mon droit inaliénable à utiliser mon nom de naissance avant qu’ils ne lâchent l’affaire.
Ce changement de nom a constitué une étape importante de mon parcours de reconstruction car il m’a permis de retrouver la personne que j’étais intrinsèquement indépendamment de ma « couverture ». J’ai pu ensuite, grâce au travail de développement personnel, devenir celle qui existait à l’état latent, cette femme avec ses forces et ses faiblesses qui s’apprécie comme elle est. D’ailleurs, neuf mois après la séparation, j’ai monté avec succès ma première société. J’ai modifié très vite mon nom dans mon milieu professionnel en accolant pendant quelques mois les deux noms et puis, un beau jour, pfuittttt… disparu. Il ne restait plus que le mien.
Restait mon fils. Il avait deux ans quand j’ai divorcé et la loi en préparation allait permettre de donner officiellement aux enfants le nom de chacun de leurs parents. Sauf qu’il fallait l’accord des deux parents et quand tu divorces… enfin je te passe les détails. J’ai mis quatre années à obtenir gain de cause pour que mon fils porte également mon nom.
En rencontrant Chéri, lui aussi divorcé et père de deux enfants qui portent son nom, on se retrouve dans une situation qui est devenue courante mais qui n’en n’est pas moins délicate. Si je porte le nom de Chéri après notre mariage, mon fils sera le seul à porter un nom différent dans la famille et la mère poule que je suis ne peut pas accepter ça. Je pourrais, comme beaucoup de femmes, accoler mon nom de jeune fille et le nom de Chéri, sauf que les deux noms côte à côte ne donnent rien de très harmonieux. D’un commun accord, nous avons choisi que je garderai mon nom – et lui le sien – sans que ça soit un obstacle à notre amour. Il m’a dit ne pas avoir besoin de « me mettre à son nom » pour se sentir marié avec moi. Dont acte.
Et pourquoi pas d’alliance ?
Il faut que je te raconte d’abord comment la mienne a fini ses jours… c’est assez romantique. J’avais enlevé mon alliance et ma bague de fiançailles peu de temps après la séparation et les avais remisées dans un coin, me disant que je les montrerai à mon fils un jour.
Quelques temps plus tard, je m’empêtrais vraiment dans les relations avec les hommes… période compliquée et assez « prise de tête ». Un dimanche, une tempête tropicale balayait notre île et j’ai senti très clairement par une sorte de message intuitif que je devais faire le deuil de ce mariage, de façon radicale et symbolique. J’ai tout de suite pensé à l’alliance et je suis allée la chercher en haut de l’étagère. Je l’ai emmenée dans son écrin pour une promenade en bord de mer. Il y avait beaucoup de vent et la pluie était chaude. De grosses vagues roulaient sur le lagon si pacifique d’ordinaire. J’ai aperçu une jetée devant laquelle je passe souvent et je m’y suis engagée.
Crédits photo : Photo personnelle
Par ce temps cyclonique, j’étais seule. J’ai marché jusqu’au bout tandis que j’étais éclaboussée par l’eau tiède de la mer qui ricochait sur les planches. Puis, doucement, j’ai sorti l’alliance de son écrin et, telle Rose Calvert dans Titanic, je l’ai jetée au loin dans la mer en déclarant solennellement que je coupais définitivement tous les liens passés, présents, futurs avec mon ex.
Aussi incroyable que ça puisse paraître, un arc-en-ciel s’est formé dans le ciel à cet instant et je suis rentrée chez moi le cœur léger. Mon alliance gît donc au fond de l’océan Pacifique et je doute que des expéditions partent à sa recherche un jour. Et si tu veux savoir ce qu’est devenue ma bague de fiançailles, je l’ai donnée à un copain peu argenté qui voulait offrir une bague à sa jeune promise vietnamienne. Celle-ci a eu droit à un joli petit diamant qui n’a pas dû leur porter chance car ils se sont séparés peu de temps après !
Pour revenir à nos moutons, je ne porterai pas d’alliance tout simplement parce qu’aucune ne semble vouloir cohabiter avec ma bague de fiançailles. J’en ai essayé des quantités mais rien de concluant jusqu’à réaliser que je n’en n’avais pas vraiment envie. Et pour Chéri ? Pour lui, qui n’a jamais porté d’alliance le souci est ailleurs. Il s’est offert, à l’occasion de la réussite à un concours, ce qui pourrait ressembler à une alliance et qu’il porte depuis une dizaine d’années à l’annulaire gauche. Il est tellement attaché à ce bijou que ça semble perdu d’avance de lui en faire adopter un autre. Et lui non plus n’a pas spécialement envie de porter une alliance en tant que tel.
Crédits photo : Photo personnelle
Nos bijoux
Il est vrai qu’alliance et changement de nom sont les signes les plus tangibles du statut marital. Et ces signes, je ne les arborerai pas. Tu sais maintenant pourquoi.
Et toi, penses-tu aussi conserver ton nom ? Pour quelles raisons ? Te passeras-tu également d’alliance ? Dis-moi tout !
Madame Suzette
Un bel article… Tu nous montreras une photo de ta bague de fiançailles ? Je ne crois pas l’avoir déjà vue ici!
Jodie
c’est la bague en photo il me semble 😉
Madame Lagon
Si j’ai bien compris, la bague de fiançailles est celle qu’on voit dans la dernière photo de cet article (tellement bien faite qu’on dirait une photo d’illustration d’ailleurs !).
Mlle Ambrym, merci beaucoup pour ce partage : c’est très enrichissant.
J’ai tout de suite adopté le nom de mon mari (et j’espère que c’est une bonne raison) parce que je voulais absolument rompre avec le nom de mon père (mes parents sont divorcés, donc je n’ai pas d’attachement à son nom, et je suis en désaccord avec ses valeurs et sa vision de la vie). C’est fou l’importance symbolique qu’on accorde à notre nom !
Madame Suzette
Ha oui !!! oooh !! tellement belle 🙂 (en effet j’ai lu trop vite, j’ai cru que c’était une illustration !)
ZIO Photographies
Toujours un plaisir de vous lire.
La plume est agile et le verbe est facile. Vous devriez écrire un roman, votre écriture est un régal.
Raphaelle
C’est marrant en Belgique les femmes ne prennent jamais le nom de leur mari! On peut toujours l’utiliser si on veut en « nom d’usage » pour son abonement la redoute ;-), mais le nom de jeune fille restera toujours le seul présent sur les cartes de banque, permis de conduire, administration, contexte professionel et autres.. Du coup je n’ai jamais eu à me poser la question du « changement de nom » et j’en suis bien heureuse! ça aurait été bizzare pour moi de devoir signer d’un autre nom par exemple! et pourtant si j’avais vécu dans un pays où c’était la coutume j’aurais peut être eu du mal à refuser ça à mon amoureux.. D’ailleurs tous mes amis français me demandent « alors? tu as pris son nom ou pas? »
Mademoiselle Loup
MERCI Mademoiselle Ambrym ! Je respire un peu avec ton article. Je me rends compte avec mon prochain mariage que la tradition de prendre le nom de l’homme est très ancrée dans les esprits (même pour mon chéri, ça n’a pas été facile !) c’est super que vous gardiez vos noms, on le comprend très bien quand on lit votre histoire à tous les deux. Je comprends aussi que certaines futurs mariées aient le désir de porter le même nom que leur futur époux, l’envie d’avoir un nom commun avec tous les futurs choubidous de la famille, mais pourquoi ne pas seulement se poser la question « mais alors, on prend quel nom?! » et bien oui, tout à fait possible aussi de prendre le nom de la femme ! Quand prendre le nom de l’homme ne sera plus un automatisme, je serai contente haha (désolée cet article plein de liberté à réveiller mon côté égalitaire 🙂 ) je vous souhaite pleins de bonheur à tous les deux, c’est très agréable de te lire, et ton histoire sur ton alliance est belle, on s’y croirait !
Madame D
Même si tu n’as pas a te justifier j’adore tes raisons !!!
Ici j’avoue que j’aborde très fierement ma bague de fiançaille et mon alliance !
Pour le nom c’est une autre histoire. J’ai beaucoup de mal a m’y faire. Alors j’ai gardé mon nom pour ce qui me concerne personnelement (mon compte La Redoute inclus). Au travail je garde mon nom de jeune fille. Par contre pour ce qui concerne notre famille c’est son nom.
pumpkin
Féministe n’est pas un gros mot! 😉
Quelle que soit la-les raison-s, chacun-e doit pouvoir choisir de garder ou non son nom, c’est tellement personnel que ça ne regarde que soi…
Quant aux bagues, idem, pour un bijou qu’on est censé garder à vie, autant souhaiter le porter de bon cœur sinon, c’est pas la peine!
Je trouve vos « alliances » respectives très jolies et curieusement assez harmonieuses. 🙂
Mademoiselle Pétillante
Les histoires de chacun forgent forcément la symbolique et l’importance qu’on accorde au nom, à la bague, à l’alliance. Au vu de votre histoire, je trouve vos choix assez logiques et en accord avec la philosophie qui se dégage de vos récits.
Ta bague est sublime <3
Véronique
Dans l’ordre de ton article (!) :
On a beau être en 2016, moi, j’ai toujours un compte La Redoute !!! Et, si je commande aussi sur d’autres sites internet, je me fais un point d’honneur à éviter Amazon.
Je trouve important que ton fils ne se retrouve pas seul avec son nom. Et puisque tu dis que le nom de ton mari et le tien accolés ensemble ne sont pas harmonieux… Pour ma part, je n’ai toujours pas fait les démarches officielles, mais je me fais appeler avec nos deux noms. Et s’il fallait choisir, je garderais mon nom, parce que… c’est le mien, na !
Je suis à l’inverse de toi concernant les bagues : j’avais dit à mon chéri de ne pas dépenser ses sous pour une bague de fiançailles, mais par contre je tenais à l’alliance. Si vous n’y tenez pas, ce n’est pas un problème, mais sinon : as-tu vu l’article de Madame Vanille qui explique qu’elle a fait faire son alliance sur mesure pour qu’elle s’adapte à sa bague de fiançailles ? Quant à Monsieur, il pourrait porter une alliance à un autre doigt, ou à la main droite après tout ! Mais bien sûr il n’y a rien d’obligatoire à porter une alliance.
Mademoiselle Idées
Mademoiselle Ambrym, j’ai adoré ton article.
Tu as raison de suivre tes convictions, et même si les gens pensent qu’il faut à tout prix une alliance et changer de nom pour être mariée, eh bien tant pis pour eux !!!
Perso, je n’ai pas pensé une seule seconde à garder mon nom car mini-nous porte celui de son papa, et je veux être comme eux maintenant 🙂
J’espère quand même ne pas perdre MON identité, et ne pas devenir uniquement la femme de quelqu’un. C’est quelque chose qu’il est important de souligner, et tu le fais très bien dans cet article. C’est un peu le girl power ici 🙂
MademoiselleDaisy
Comme je partage ton point de vue sur bien des sujets!
Sublime bague tout d’abord, a t elle une histoire? La connaîtrons nous?
Pour ma part je vais utiliser mon future nom d’épouse pour prendre le maquis…. Ayant passé ces 10 dernières années à exercer des métiers très (trop) exposés en portant un patronyme très (trop) rare, je profite du joli nom de mon fiancé pour me mettre vert dans sa grande famille.
Nous porterons tous deux une bague de fiançailles. A ce jour aucune alliance ne matche avec nos bagues…